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Une sorte de journal — 17 mai 2015

Au tout dernier moment il y a un flottement, on comprendra que c'est l'envie de ne pas se quitter, c'est toujours trop tard qu'on prend conscience de ça, quand le coin de la rue nous a tourné ailleurs et que le monde se précipite dans ses propres sillons pour nous reprendre au piège ; on a parlé de textes et d'écriture, il n'en fallait pas plus pour redonner un peu confiance dans le chemin dont on ne sait pas du tout où il va, il n'en fallait pas plus pour se dire que la solution était d'écrire encore, que ça se ferait bien comme ça, en se forgeant une trace ; aussi il y a eu les paroles sur le souffle et la longueur de la course, qu'on ne pouvait pas faire différemment parce que c'était un tout, c'est ça que j'ai compris, la forme faisait sa propre forme et cette fragmentation, cette brièveté, une nécessité : c'est la tension qui finit par couper d'elle-même le texte, ce doit être une sorte de disjoncteur, une sécurité se déclenchant avant qu'il soit trop tard — je me souviens très bien, dans mon adolescence, des coups de jus que je prenais à farfouiller dans l'électrique et le frémissement que je sentais dedans mes bras juste avant de lâcher ou que, exactement, ce qu'il fallait, disjoncte.