Une nostalgie, Robert
Les traits sont lourds plus, la silhouette aussi et là-dessus arrivent les cheveux fatigués avec la lassitude de leurs ébouriffements, il faut se rendre compte aussi de ce qu'on se fait subir, ce que cela veut dire, de crêper tout cela qui ne tient plus ici qu'au miracle du gel, qu'au miracle tout court, le cuir s'est tanné, chevelu et tout le reste, la basse cogne toujours son lancinement sombre encore ouvrant le bal, je reconnais bien A Forest et le bassiste là plié en deux, en quatre, une sorte d'élastique c'est toujours le même, Robert est sur l'arrière à napper la guitare, il a cette attitude d'écolier très très sage attendant juste son tour, que tombe le temps du chant, le reste est un pont-levis que lève la musique, à la dernière seconde toujours seulement il vient, devant la voix n'a pas bougé, je suis toujours Robert, rien ne change jamais dans ce qui me remonte dès que tombe comme ça la toute première note, l'image floue lentement semble filmée du fond sans doute avec un téléphone tenu à bout de bras, en bas on voit à peine des tables alignées et les gens sont assis, figés jusqu'à ce que ça cesse, que sommes-nous devenus à rester sur le cul, je suis toujours Robert à chanter sans arrêt pendant que les routes défilent, mon passé est devant...