Ce que tu portes d'éblouissante beauté — une aube,
Cette présence des chemins.

Je suis le mur qui va partout où il m'amène.

De l'ombre l'aube des pierres,
ce lavis délavé.

Je te devine, silhouette,
avec ce que tu portes de distance voulue.

Demain ce même soleil mais pas le jour.

À la corniche dès l'aube
— une rosée en retard.

Je vis mille fois sur le sentier du monde.

La bousculade des genêts
Quand ce qui vient du fleuve,

c'est toi.

In mémoriam Julie Labbé

 

Se laver les mains avec l'eau des morts
— je suis un Ponce Pilate de pacotille.

J'entends des chevaux fous,
une cavalcade insensée,
un rideau d'arbres.

Tu seras cette montagne,
une histoire de fruits,
inachevée.

"ancolie bleue chasse
la mélancolie
"



In memoriam Philippe

Du silence j'ai les mains —
Nulle récolte puisque tu pars.

Un jour teint de ce bleu — juste avant mille étés
Quand je revenais de ces peaux,
De ce qu'elles se disaient.

Nous avions cherché des nuages, des mûres, une nacelle de jonquille.

Un printemps éternel —
c'est l'homme qui n'a qu'une ombre
dans le chemin qu'il pioche.

Je suis mon solitaire sillon.

J'épuise ma langue à chaque marée
— si tu ne parles, j'oublie.

Il demeure un possible quelque part attaché.

Au fil, totem, le fleuve.
— la promenade est le brasier d'une claire fumée.

Si c'est venir à toi alors je quitte la route.