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Lieux #34

Nulle distance n'y change rien, nul temps non plus entre là et puis ici, cette terre reste toujours présente à ceux qui en ont été tirés, ils la portent dedans profond comme une mine, elle pèse, elle est le marécage dans lequel ils piétinent loin enfoncés aux genoux en ce qui leur fait des sortes de fondations les épuisant à mesure de leurs efforts pour s'en échapper, atteindre un sol plus stable, une rive ou quelque chose d'approchant sur quoi reprendre souffle et esprit, lever les yeux, voir un ciel bleu enfin qui changerait du ciel gris mercure et de la plaine fermée en tous les sens de collines où s'accrochent les nuages, cette dentelle poussiéreuse qu'ils font presque peignés, nulle distance ne libère celui issu d'ici, parti ailleurs, ne revenant plus, et passant ses jours vacants à regarder des arbres, un ciel, ailleurs, mêmes pourtant, parce qu'au paysage de là se substitue le paysage d'ici en permanent rideau qui ne s'ouvre jamais et bouche les heures parfaitement, parfaitement, jusqu'à ce que vienne la nuit, la même pour tous et puis partout, vous connaissez, il n'y a rien de plus à dire.