Une sorte de journal — 05 mai 2016
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Terreau, j'y plante mes mains, plus de poignets, plus rien — mes mains ; ne plus jamais écrire, ce serait vrai mourir ; tu es galets dans ma poche cachés, autant de pierres que d'univers, ces moments derrière les persiennes.
Ce très léger vertige — le long des routes des trottoirs des chemins le long de mai cette langueur des jours ouverts tels fruits mûrs, je cherche comment redire ce qui porte couleurs d'angoisses ; petits cailloux, un cliquetis, c'est donc ici une fin ; la distance et le temps, il n'y a rien de plus.
Une solitude de marbre ; les murs avec leurs habitants nichés ; je marche et puis je marche et puis je marche et ce n'est point errer — il y a l'espoir de me comprendre ; à l'aplomb de l'écluse, les trois gardiens, assourdissants, voguent droit devant.
Un vide qui me vide ; j'ai fait ce pas vers les arrières et puis derrière son suivant et loin je vous regarde, batailles, mensonges, le monde que vous tordez pour qu'il entre dans ce monde qui est ce qui est votre monde — fil de fer du réel tordu, tordu encore, cassera ; le fragile attroupement des jonquilles déclinant dessous cet arbre jette un éclat.
Une lente approche, le renouage dans des infimes dissimulé ; au ventre du sentier je vois des traces de chevaux, cet alphabet simple de blés ; je crois que cette averse n'aura pas duré plus que ça puisque derrière arrivent grillons.
Batailles dans la montagne et de montagnes point ; j'ai souvenir de quelques secondes, une fleur, quelques secondes — c'est suffisant pour occuper l'éternité si ma mémoire tient ; des visiteurs je vois seulement les traces après, l'herbe à peine bousculée, quelque chose dans l'air, vocation de frissons.
Une pluie lente et violente ; au matin hier puis là une meute dans le lointain, cette symphonie de chiens, elle viendrait du passé que ce serait pareil, je pense grand veneur, j'entends une rage folle ; plus de textes maintenant, du sable seulement, la possible page blanche.