Une sorte de journal — 02 décembre 2016
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Ce travail de sape qu'ils font dessus la langue, et résister en répétant les mots pour les fixer au monde ; des mains sur la table frôlant, retirer chaque doigt ; je laisse partout une part de moi cachée, elle est à côté du visible, dans le recoin du rien, une aile, un peu d'une poussière, ce qui demeure quand le jour est sorti par la porte refermée.
"Me réduire à force de chiens" ; talus dans cette claire fumée, le lumignon léger d'un feu seul dans l'agonie ; ils referment les portes des bibliothèques laissant les livres dedans morts comme jamais, inutiles et vides comme jamais — que sont mes amis devenus ?
Comme un gamin sur son vélo très seul ; doucement laisser venir les choses, l'odeur de la crème fondante ; de la journée rien n'est passé que la brume entre fûts.
Ils traquent la forêt à coups de chaînes et de craquements sourds, des claquements ; je retiens chaque jour mon souffle, ce n'est pas encore écrire ; maintenant c'est un monde plus large où j'ai gardé mêmes limites de ces effilochements.
Je reçois donc ce livre et il est tout de suite des livres qui donnent envie d'écrire des livres parce qu'ils sont une des voix du monde ; le givre n'a pas bougé une maigre minute — des oiseaux noirs passant très bas très ras n'y changent rien ; marcher pieds nus sur un sol de lave.