Cinquante #27
Une autre cabane donc et peut-être la première, elles font souvent une lignée, se suivent les unes les autres à mesure du temps et pour celle-là c'était plutôt que l'autre de planches un empilement de branches, bricolage d'essai, pas les mêmes copains d'ailleurs je crois et pas le même endroit, pour elle loin de toute eau à part le ruisseau bas dans la vallée c'était dans un verger à l'abandon mangé tellement de ronces buissons choses grimpantes végétales et fruitées qu'on aurait dit une jungle soudain qu'à l'explorer il était apparu que ce serait l'endroit parfait pour s'y cacher alors de bric et puis de broc il suffisait de monter un abri lié partout de la ficelle jaune que l'on prenait par brassées légèrement irritantes chez le paysan plus bas, j'ai souvenir d'un drapeau qui flottait quelque part haut mais peut-être pas, les herbes coupantes comme ça nous faisaient trébucher et les taupinières pareil, les souches, les branches mortes mangées de lichen gris, quelques racines parfois, des pièges que l'on aurait posés pour se défendre, on dépassait le point où s'arrêtait la route comme son bitume, on descendait à fond les traces profondes des tracteurs, on remontait ensuite à longer plein l'autre verger où quelques fois l'on chapardait de quoi goûter mais quoi, c'était à tout le monde, de loin cachés on regardait les machines jaunes manger le blé maintenant mûr et des averses, jamais.
Du verger maintenant plus rien que vagues silhouettes d'arbres et celui que l'on voit seul comme pas un dernière trace d'un passé disparu, une borne à tête verte plantée dans la planète tournante, un clou pour la glaise dure, le reste a été avalé par le remembrement, les champs ont pris leurs aises et d'un paysage de pièces il ne reste que les grandes devenues encore plus grandes, les chemins ne sont plus, on ne pourrait même plus marcher où l'on marchait alors, les fruits non plus ne font plus traces, j'en ai toujours le mal au ventre d'en avoir tant mangé.