Cinquante #17
D'abord l'odeur métal hurlant et puis l'image de ces alignements de tours fraiseuses d'où dégueulaient des mèches de copeaux à rouge poussés qu'arrosait un liquide blanc dessus giglé pour refroidir partout le bleu les armoires le long en îlots et nous pareils de bleu de chauffe les cris les rires les vestiaires au sous-sol le magasin à matériaux au centre les lourdes barres métal les blocs métal pareil qu'on en sortait et puis le bruit des machines folles dents de métal métal hurlant j'ai toujours eu grande méfiance surtout des fraises mais pour le reste il reste seulement ces heures de cours où j'ai bien cru mourir d'ennui et puis plus haut puisque interne nous dormions là la longue montée des escaliers le réfectoire du matin le parfum des fumeurs d'aube venant pourrir le petit déjeuner le lourd ennui des heures d'études du soir les grandes fenêtres et leurs reflets casiers de bois au fond bordel dedans les heures d'attente dans la soirée tous les amis heureusement toute une vie entre quatre murs dans les dortoirs cinquante bonhommes je me souviens quand dans la nuit je ne dormais pas depuis la fenêtre je voyais là une torchère plateforme chimique et puis plusieurs brûlant le noir jusqu'à plus soif on aurait dit un incendie flottant sur l'eau très solitaire.
Sur la façade ce rouge est neuf mais c'est bien tout, la chose longue jaune juste vers la gauche ce sont les ateliers, j'avais traîné là-bas lors d'une porte ouverte un jour, après, quelques années après, j'ai tout oublié de ce retour sinon un couloir de salles de classe où j'ai erré un moment, je cherchais je ne sais quoi, peut-être moi d'avant assis derrière sa table à se demander ce qu'il allait devenir, je n'ai pas la réponse mais sans doute que ça aurait rassuré le mec à cheveux longs, un peu gros, perdu dans lui-même, de savoir que ça irait globalement, qu'il finirait par s'en tirer, de lui, et de la vie, rien de glorieux, mais pas trop mal — une sorte de vie.