Cinquante #49
L'allée à s'y tordre les pieds la grille passée après les six géants gardiens repérables de loin, signal, de l'entrée du village et puis du reste aussi avec encore face perspective au bout de la montée la chapelle fermée, le froid qu'il y faisait et c'est toujours la glace et le parfum des cierges, un hiver implacable au silence gelé, du village on marchait noire chenille noire devant un seul couché toujours indifférent, les pleurs reniflements c'était des formes de vagues emportant tout et rien, une terre remuée grasse, la pompe pour les fleurs décorée encore d'arrosoirs de plastique vert, les collines brèves autour à peine dessus le mur, les corbeaux à rase mottes, le vent dans les tilleuls, le travail infini des abeilles dessus et des bêtes dessous rongeant les mains des vieux, terminus glaise toujours, entre les tombes les jeux, les rires et puis les cris, où qu'ils soient chaque jour il y a des enfants.
Les gardiens ne changent pas et ce n'est que l'allée qui est de frais refaite. Pour les morts, je crois que rien ne bouge et même les collines ont toujours mêmes formes dégarnies légèrement, le verger sur la droite n'est plus qu'un souvenir dont témoigne seul un arbre inutile, les gens dessous la terre sont eux vivants et morts selon qu'on les convoque ou les laisse dormir quand l'eau tirée là-bas sur la nouvelle pompe droite noire brillante a quand même encore ce goût de fer fort, ce goût de terre toujours, le goût du cimetière.