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Les Immortels

Les Immortels

Ils mourraient considérablement. À l'aube, le temps, les choses, le monde reprenaient leur place, autant que c'était possible quand eux, leurs corps à présent reposant, venaient seulement à refroidir lentement dans le jour renaissant. Nous savions pas pourquoi il fallait que la nuit arrive pour qu'ils s'en aillent, à croire, vraiment, qu'il leur fallait finir coûte que coûte le jour, le dépenser, aller jusqu'à son bout. Nous attendions, assis autour que vienne l'heure. Elle arrivait. Les murs se retenaient de craquer, dans ces maisons toujours en mouvement mais dont personne ne pouvait voir les gestes.

C'était l'hiver le plus souvent, avec son gel qui était une serpe se glissant de partout entre nos vêtements et puis nos peaux qui n'avaient pas besoin de ça pour frémir à foison. Je n'ai pas souvenir d'un printemps. Je n'ai pas toujours été là, appelé ailleurs pour d'autres moments, ou arrivé trop tard, ou plus logiquement, même pas né encore — cela viendrait mais d'aucuns déjà seraient passés vers l'ailleurs.