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Une sorte de journal — 29 avril 2015

Une lente plongée presque immobile — c'est comme si tout avait cessé de bouger dans les mots, c'est juste une ville morte dans laquelle nous marchons des nuits et puis des nuits et puis des jours qui sont des nuits en essayant de trouver le seul réverbère qui soit encore vaillant un peu ; les cerisiers dehors sont échevelés tellement qu'on dirait de vieilles femmes devenues folles et fuyant ces maisons où elles s'éteignent avec nos derniers souvenirs posés aux accoudoirs de fauteuils d'un rouge élimé ; le soir la maison craque et moi aussi ; en plantant ces clous tout à l'heure que je tirais de ma bouche aux lèvres pincées, j'ai retrouvé les gestes de mon père et la mélodie que faisait la tête du marteau lancée à pleine force à quelques millimètres de mon pouce, une sorte de danger que personne ne craignait ; je sais pertinemment que je peux entrer dans le bois et marcher sans plus jamais revenir et y trouver un chemin qui n'aura pas de fin où je sèmerai mes dernières forces.