Comment je n'ai pas été écrivain #15
D'une, j'ai vu la petite cuisine sur l'arrière abouchée au jardin, j'y ai bu un vin dense et charnel, mangé je ne sais plus quoi dans la chaleur d'une petite assemblée, une dévoration. D'elle encore, j'ai pu parcourir l'étage aménagé en studios clairs pour écrire, le salon qui n'avait même pas bougé avec son gros fauteuil usé, la salle à manger devenue pièce de réunion. Où j'ai pris froid, d'ailleurs, parce que la porte-fenêtre à laquelle je tournais le dos laissait entrer les courants d'air coulis venus du fleuve glissant au bas de la terrasse. Rampants comme l'automne élargi de partout à présent dehors. Là-bas, pendant que l'on lisait, mon dos lentement se verrouillait. Au soir, il était devenu une seule pièce de métal où il se peut que l'ancien habitant des lieux, fantôme, avait posé quelques soudures. On ne se méfie pas assez des morts. Des écrivains. De leurs maisons puisque dans celle-là, j'ai vu que les murs bougeaient de quelque chose enfui. Et j'ai compris ce que l'on doit aux lieux.