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Comment je n'ai pas été écrivain #8

Dans l'enveloppe revenue très vite, plus vite que d'habitude, des habitudes il y avait déjà et c'était donc un temps où les textes partaient toujours, étaient toujours refusés pareillement, par voie postale uniquement, il ne pouvait pour moi en être autrement, je n'avais pas l'heur de vivre à la capitale, d'en être même proche, de pouvoir aller déposer quelque proposition ici ou là, d'espérer croiser peut-être quelque auteur qui aurait voulu être mon mentor, cette sorte d'ami, je n'avais pas l'heur de quoi que ce soit, il n'y avait autour rien que le village ou la ville moyenne toute proche et de revues ici, pas une, et donc c'était notre facteur, ce bonhomme aux jurons en chapelets, qui se chargeait de ça, prendre les rectangles kraft et la monnaie laissée avec pour leur affranchissement, et puis s'occuper de les envoyer dans les mystères où elles devaient atteindre je ne savais qui, puis me les rapporter quelques jours ou semaines ou mois après quand elles rentraient à leur bercail et pour celle-là, il manquait l'essentiel, la lettre de l'éditeur et son refus, il manquait tout sauf ça trouvé en déchirant l'enveloppe dont je trouvais quand même qu'elle avait bien gros ventre, comprenant à l'ouvrir ce que c'était que cette bosse, et c'était donc, en mille morceaux, soigneusement déchiré, déchiqueté, mon texte proposé — rien d'autre qu'en guise de réponse, des confettis, le message était clair.