Fossile #3
On ne sait pas non plus qui a pris le cliché, qui derrière l'objectif se penche pour être à bonne hauteur ou presque bien qu'à examiner la chose, l'escalier permet d'être juste en face du modèle pour peu qu'on descende quelques marches, ne creusons pas plus loin, cela n'importe pas quand donc quelqu'un annonce à cet enfant qu'un petit oiseau va sortir et que l'enfant patiente et que bien sûr rien ne jaillit qu'un infime cliquetis, le doux bruit d'une mécanique parfaite qui pourrait bien causer les sourcils légèrement froncés, cette sorte de surprise qu'on peut lire dans le noir des yeux si l'on y prête attention : les photographes ne courent pas les rues alors, leurs machines sont encore de ces boîtiers assez imposants et suffisamment coûteux pour qu'on les emballe dans des étuis de cuir marron ou noir bringuebalant au cou des oncles et des touristes et bien souvent ce sont les mêmes, il se peut même et c'est certainement le cas que ce soit la première occasion pour le bambin qu'on est de voir ça, cet oeil de verre sur soi posé et puis derrière le visage caché de son oncle, je pense à l'un d'eux juste là, ce pourrait être lui et si alors, il a posé ses lunettes sur son front pour saisir l'instant, être plus au près de son viseur, ce qui fait que l'enfant, que moi, j'ai devant moi penché et s'agitant un homme avec trois yeux de verre blanc faisant de plus d'étranges bruits, on serait surpris à bien moins, je dois donc l'être beaucoup, ce ne sera pas la dernière des surprises que me réserve le monde mais là, celle-là, a été figée pour toujours, on remercie le photographe mais si c'est l'oncle, si l'hypothèse est vérifiée, c'est bien trop tard, il est mort de longtemps.