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Cinquante #20

Cinquante #20

C'était croisements de hasards et tous de lectures, Giono bien entendu dans cette terre imaginée qu'il décrivait, je savais bien qu'elle était loin derrière les fictions une sorte d'arrière-plan et puis il y avait eu ce cadeau de reconnaissance un jour, lisez ce livre, vous aimerez le style et les paysages, j'avais aimé les deux et lu presque l'ensemble, polars sans doute mais la langue était là et l'auteur routier à la retraite, voilà qui étonnait, il disait plein où il était, le nom même était un appel, alors un été y aller, descendre au Sud tout droit, passer tout près de chez Giono, j'ai toujours à l'esprit les toits de son Hussard, l'image me fascine d'un dessus courant et là tourner direct à droite, nous nous étions perdus pour atterrir dans un village haut où brûlait la lavande, c'était une brume dense et parfumée, après continuer quand même dans les lacets, les routes presque jamais usées, on arrivait sur le village et cette place après la butte avant, j'ai déposé pour l'écrivain un petit mot à charge du serveur, me suis assis sur la terrasse, l'ai vu venir et prendre commande puis recevoir mon billet, il l'a lu tranquillement, l'a replié, glissé dans une poche de sa veste, je suis resté de loin à regarder sa bonne figure, les villages alentours, j'y pense très souvent, ce pourrait être un lieu où se perdre enfin.

Il y a ces lieux où personne ne va, on resterait des heures alanguis à attendre, il me revient aussi ce café vers là-bas avec les deux tables devant, les chats assis en bas du mur, le temps accroché au soleil, quand on cherchait à se laver les mains, se soulager, il fallait remonter deux trois étages et traverser l'appartement de la propriétaire, au fond on entendait une télé à fond, j'ai comme la certitude qu'une vieille dame devant l'écran passait le jour et que cela ne lui disait plus rien, notre réalité, et pas tellement plus, celle des écrivains.