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Cinquante #15

Cinquante #15

La grande avenue c'est Jean Jaurès la première fois yeux G.P.S. voir émerger la forme étrange de loin tourner errer tourner errer encore puis se garer et puis sonner entrer enfin dans l'espace là de grilles enclos les bâtiments longs bas très blancs les chambres et leurs espaces communs j'y étais peu et les cellules si confortables pour moi c'était cela le rêve une vie monacale tout à portée la bibliothèque derrière ouverte jour comme nuit on voyait les lumières très tard et le réseau partout rapide même je crois bien que c'est là-bas que l'Internet m'a avalé tôt le matin retenir la porte à quelques mètres station métro après l'école au Nord de ville un bon moment dessous la terre et les tunnels comme des vers au revenir souvent faire arrêt dans la boulange juste au sortir de la station sur le comptoir leurs poches plastiques croissants du jour un peu rassis mais le mélange quelques euros je gobais ça face à l'écran je n'ai jamais perdu ce tic — pas face écran mais l'autre là manger le soir des choses rassies, j'en parle déjà dans 19 francs, vieille habitude, une constance, réflexe de pauvre venu de loin, fils de routier, et ceux d'avant, le cantonnier, et le mineur.

Les grilles arrêtent le passant vu du dehors c'est même lieu mais donc on ne peut y rentrer c'est d'un seul coup une métaphore : malgré le technique du dispositif "géographique" (je gage que bientôt sinon déjà, on pourra de loin avec deux clics entrer là-bas et puis partout), il reste ces lieux inatteignables dont nous tentons de rendre ce qu'ils étaient, et c'est écrire que faire ça, pourtant des grilles nous empêchent bien, dont on ne sait ce qu'elles sont, les dents du temps, dernier rempart.