Aller au contenu principal

Cinquante #5

Cinquante #5

Comme un tableau l'étang, les saules, leurs feuilles sur l'eau comme nonchalantes, les herbes hautes fines au bord, attention de ne pas tomber, c'était un piège il faut le dire la glaise cédait vite dessous les pieds, une cabane vers là-bas sur le fond et à droite lorsque l'on arrivait par le chemin, la route n'était pas loin, vraiment, juste une cabane, quelques planches mal clouées, un banc je crois devant ou bien juste encore des planches vaguement ficelées pour faire de quoi s'asseoir, tout de ginguois, les cannes restaient dedans posées raides dans un coin, on les sortait les emmêlait les lignes libérées planter un ver sur son hameçon le regarder se tortiller et puis pour ne plus voir ça lancer le tout à l'eau, commencait cette longue attente, des heures à regarder le bouchon immobile, de quoi devenir fou, ne t'approche pas du bord, le vieux sous sa casquette qu'on appelait Parrain, un oncle un grand-oncle je ne sais, jamais vu un sourire sous la casquette, jamais su ce qu'il faisait de ses journées quand il ne pêchait pas, et plus aucun souvenir d'avoir jamais sorti le moindre gardon de cette eau-là, grise froide métal, un très exact reflet du ciel dessus strié du vert des herbes, le vent dedans sifflait doucement, et jamais un poisson, pas plus qu'un sourire du vieux.

Il n'y a plus trace de rien à part peut-être cette boule d'arbre qu'on voit au fond et qui pourrait être un des saules, lui rescapé. La vue du satellite qui même là passe pass ici bas montre pourtant un gris rectangulaire, ça ressemble à l'étang, les dates ne concordent pas, la vue depuis la route est antérieure au satellite, quelque chose ne colle pas, ou je ne comprends pas