Une distance à mesure de cette ancienne proximité ; le vert, partout, le vert ; là-bas coule la rivière, sa simple rectitude.
Une distance à mesure de cette ancienne proximité ; le vert, partout, le vert ; là-bas coule la rivière, sa simple rectitude.
Une cavalcade martelant vive dans le sous-bois, une cavalcade — après montaient des lignes entières de jonquilles fières, et intactes toutes, droites et intactes ; il y a toujours dedans ces lieux des âmes vivantes que je vois vivre ; les volets clos, la vigne folle, cet abandon, et les rosiers se souvenant des autres temps, des autres jours, eux seuls encore.
Lancés comme ça dans une brume claire, signaux de faible force, même pas des nuages frais, bien moins que ça, d'infimes mouvements proche du rien — le rien vous dis-je toujours, le rien ; tu ne croiras pas que dans la ville revenu c'est toi que j'ai croisée avec l'averse soudaine et drue qui faisait du pavé un piège lisse ; à tout attendre je n'ai encore nulle lassitude — tout reviendra et puis tout partira comme nous de même, lichens.
Je n'oublie nul visage sinon le mien ; des paquets de lumière entassés là toute une pile et puis tombant vifs comme ce geai ; ça m'est venu à la première bouchée, intacte, une infinie tristesse, un noël pour toujours.
Les moments sans écrire — un vide lui-même en creux ; ce que je vois dehors de moi ne recouvre pas toute la réalité, et rien ne comble ce décalage, même pas moi ; exactement à la bascule, attendre.
Des textes qui ne sont pas plus loin que leurs limites, il fallait les écrire pour les atteindre ; fantômes, je dis fantômes ; dessous la terre tellement grasse — elle suinte à chaque pas ; ils poussent déjà partout pas plus haut que le doigt, et leurs racines pareilles.
Un autre à même visage parlant d'autres qu'on était, cette distance à soi et l'écran entre nous, reconnaître la voix derrière le voile de soi, savoir le visage, pourtant dedans les gestes, les sourires les manières, voir un autre vraiment, ne pas retrouver qui — un inconnu toujours et partout transporté, cette peau morte qu'on perd mais revenant comme lierre, notre mue permanente, intérieure encore.
remerciements à Delphine Chaume pour l'invitation
La silhouette encore puisque je n'ai de cesse de toi ; à chaque instant, l'infime — il reste toujours ça ; eux nous apprennent une haine qui est une rage d'océan.
Une splendeur passée, pétales ; ce serait errer dans des couloirs sombres et puis passant la porte vers la lumière trouver encore un autre couloir, le sombre ; rien ne changera même avec tous les mots, je garde ces galets.
Ce bourrelet noir coupant le ciel au juste surplomb, vallée, la déboulée ; je rêve de routes qui ouvrent sur la route ; après viendra une pluie de pétales échancrés — cascade, cascade, ce geste de cheveux.