C'est une meute de quatre-vingts leur nourrissement traverse la rivière — on cherche vainement comment en réchapper ; maintenant trouver un fleuve de sable là où coulaient vos eaux ; ce sont effondrements, sans traces d'abord, elles viennent d'un coup.

Rester debout malgré la meute, ceux qui n'ont nul miroir.

Un très grand rien, ses dents de tempête blanche — ce qu'il y a ici, c'est un combat vidant jusqu'au dernier ruisseau — tous les volets fermés encore, et qui dans la maison ?

J'ai toujours sur mes pieds la poussière rouge d'Australie ; c'était sur une scène imaginaire les corps battus en brèche, la sueur collant les cheveux, à des milliers de kilomètres et des années après, imaginer et n'y être jamais ; quoi, le tir de barrage ?

La mémoire et la mer ; peut-être que là-bas c'était seulement un rêve dont la poussière rouge était une fausse trace ; parfois je vois un temps tout arrêté, un lac, rien d'autre que cela, cela ne dure jamais longtemps.

Cette fois le ventre de l’indicible, sa frontière droite comme i ; ce que je heurte du front est propre mur et sur le sol mon sang m’égratignant ; soleil, de pleine lune — deux chevaux bord de l'eau.

Je ne me relève pas, je reste sous la rafale dans l'attente d'un bond, la mitraille est souveraine, le bosquet loin des bras ; fossoyeurs sans férir, et de toutes valeurs ; temps en sous-œuvre, années d’affliction, nous sommes de combat, vigie, vigie, nos armes dans nos poches.

Lui qu'il ne faut ni regarder ni voir ; celui-là même ; celui-là.

Oeuvre : Olivier de Sagazan

Croisant le fou je vois celui que je deviens tout marmonnant dans son désert peuplé de riens ; le geste du semeur — cette claire fumée ; une route sous les arbres pendue, chimère.