Aller au contenu principal

La persistance #15

Il faut toujours se tenir prêt, c'est écrit dans la Bible qu'il lit parfois comme on pourrait lire un roman, sans croire une seconde à ce qui s'y raconte mais en s'émerveillant tout de même de l'invention, de ces rebondissements, des trahisons aussi, des guerres, des meurtres, et des amours évidemment. Parfois, il imagine les hommes qui ont écrit tout cela des siècles auparavant, grattant la surface revêche de ce qui n'était même pas du papier, qu'ils roulaient pour le protéger, dont on retrouve parfois, là-bas, dans le désert, encore, au fond de cavités où ni homme ni bête n'entraient plus depuis des siècles, certains fragments que le temps n'a pas digérés, il imagine ces hommes qui écrivaient, se demande s'ils avaient pris conscience de la fiction qu'ils étaient à créer, de ce qu'elle deviendrait dans le lit long des siècles cependant qu'eux, fatigués, sortaient de leurs antres, rejoignaient le monde qui n'avait que faire de leurs inventions, ne les connaîtrait jamais, les enterrant, les histoires, ceux qui les avaient écrites, dans une indifférence que seule l'éternité, une partie, parviendrait à lever et encore, pas pour toutes, la plupart de ces textes disparaissant dans l'incendie très long du temps.