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La persistance #8

De l'extérieur on ne remarque rien. Vu du dehors, il reste exactement le même. Discret. Silencieux généralement. De ces taiseux capables de demeurer des jours entiers sans prononcer un mot. À croire qu'il est ailleurs tout en étant présent. Retranché dans une forteresse dont il possède seul la clef. Dont il sait seul la porte d'entrée. Tel qu'il en existe dans les terres du Sud, passés les très grands fleuves. Perchées sur des promontoires que la terre s'est construite seule, avec sa truelle de siècles. Immobiles découverts de loin, pareillement lorsque l'on parvient à s'en approcher. Après avoir traversé un océan de ronces acerbes. Teigneuses. Tenaces plus que des puces, celles qu'on trouve dans les mauvais lits des hôtels perdus dans les pays que personne ne traverse. Bien que les murs soient effondrés, parfois depuis le haut s'ouvrant comme une coupure, le promeneur ne peut entrer. Bien que les fossés jadis défensifs soient maintenant totalement vides, le promeneur ne peut toujours pas entrer. Depuis leur empilement de temps, posées au plus loin du commun, elles regardent le ciel, les vallées tout autour, et elles attendent. Il est pareil. Il est entré dans une attente.