Aller au contenu principal

La dispense n°7

La dispense n°7

Maintenant les images s'accélèrent, le maître-nageur va se saisir d'une perche de celles entassées dans un coin et longues toutes différentes, il farfouille parmi les tubes pour finir par choisir la mère de toutes et l'on pourrait se dire qu'il va tenter de battre un record mondial de hauteur mais non, le voilà qui revient encombré de sa perche qu'il plonge dans l'eau à mesure qu'il s'en approche, se poste au bord, ses orteils crochetent le carrelage fort à-propos arrondi tout le tour du bassin, un bref hurlement jaillit de sa bouche où je distingue vaguement un c'est parti et c'est parti, la file se met à avancer couple par couple, et un petit et un Grand, chaque paire restant quelques secondes à hésiter jusqu'à ce que le Grand s'élance trainant dans l'air le petit qui souvent n'y comprend plus rien et suit par la force du Grand et celle de la gravité, on voit en entendant deux ploufs, l'eau éclabousse tout, le Grand arrive toujours premier à la surface d'ondes, le petit suit derrière, on voit dans cette écume leurs corps qui descendent, les mains sont toujours jointes, cela doit faire partie des instructions données aux Grands, surtout ne pas lâcher avant d'être très au fond, des masses de bulles remontent, le temps est suspendu, en bas les corps splittent, les mains se sont lâchées, on voit enfin revenir vers la surface les faces, leurs yeux sont grands ouverts et parfois, les bouches des petits le sont aussi sur un cri muet, les cheveux sortent de l'eau, le Grand s'en va tranquille et ce qui reste dans l'eau, c'est un petit toujours battant comme il le peut de ses mains affolées dans le rien du liquide pour y trouver un point où s'accrocher, ce sera la perche que le maître-nageur finit par tendre au moment où il sent qu'il va falloir intervenir si l'on ne veut pas finir sur une noyade, les visages sont de larmes et de rouges et d'effroi, juste le temps pour la perche d'accompagner la pathétique petite chose s'étouffant jusqu'au bord et de suite c'est la suite, au suivant dans un cri et les suivants c'est nous, le pays me regarde, je sens sa main serrée et en moi je ressens qu'il n'y plus grand chose qu'un grand creux plein de peur que l'eau bleue va remplir.