La dispense #17
[...] nous sommes les premiers, les cinquante premiers du matin dans la piscine cachée que la ville prête au régiment, pieds nus et puis treillis, je crois que nous formons une scène incongrue, cinquante militaires, un contingent, le juteux est pareil mais lui n'a pas de veste, le pantalon seulement, on voit son torse nu et musclé de partout, la consigne est très simple, tu sautes de ce côté, tu nages jusque de l'autre, et puis tant qu'on y est, tu évites de couler, avec pour les plus forts, le petit plus en plus, tu te fais le retour, ça me fera plaisir, il dit qu'il sera là pour nous sortir de l'eau quand on étouffera, on saute l'un après l'autre, toujours la file indienne, toujours ce petit temps d'attendre que vienne son temps, dès que je suis à l'eau le tissu pèse son poids et commence à se goinfrer très vite de tout le liquide qu'il trouve, le jeu c'est qu'évidemment, le treillis devient de plus en plus lourd, les plus malins l'ont compris, ils nagent très vite de suite pour avoir fait le plus de chemin avant de peser lourd mais pour faire cela, encore faut-il ne pas être occupé à ne pas couler et moi je suis là-dedans, à tenter de ne pas couler...