Comment je n'ai pas été écrivain #11
Reste que quand même, ce lent travail de dessin de ce que vers quoi on voulait aboutir tout à la fin, cette démarche de planification, peut-être, faisaient écho avec ce que j'imaginais du travail des auteurs. Comment savoir ? Comment passer dans les coulisses ? Comment découvrir ce qui faisait naître les livres ? Tous ceux que nous pouvions voir étaient toujours terminés. Finis. Gelés dans leur gangue de papier et pour la plupart d'ailleurs, devenus des *classiques* sur lesquels nous étions invités à travailler par nos enseignants de français, une poignée échevelée dans la salle des profs. Que nous achetions, les livres, chez l'unique libraire de la petite ville, dans la rue longue. Qui prenait soin de les entasser en piles apprêtées pour la rentrée de septembre, classées selon la classe, le professeur, le lycée même puisqu'il y en avait deux. Pris solidement dans l'ambre du temps. Fixés pour toute l'éternité, sans que rien nous permette de comprendre, imaginer, ce qui s'était passé avant qu'ils nous tombent dans les mains.