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Cinquante #41

Cinquante #41

Aller retour et plusieurs fois consciencieusement se perdre, dans le métro, le bus, les couloirs longs sales tristes, le hall et ses vigiles, tout cela raconté déjà ici, le lieu m'a marqué pour longtemps, cette ville-lumière je ne la voyais pas comme ça grise sous la pluie et morte, c'est ça que j'ai vécu, un lieu mort comme jamais, un cantique de poussière, l'ennui qui me venait de moi-même soudain, ce n'était pas première fois et pas dernière non plus, courir partout pour ça, finalement, est-ce que c'était la peine, des grilles me restent aussi dressées dans la mémoire et la question que j'ai toujours, pourquoi fermer le monde quand dans le monde on va essayer de comprendre, la salle minuscule, cette angoisse que j'ai eu de n'en plus sortir, l'enfilade des chaises au restaurant tout proche, je n'ai aucun souvenir de l'assiette, seulement des visages et des bouches parlant sans arrêt, et le bus, la ville triste, et j'étais comme un sot revenu de nulle part, cet endroit oublié dont je ne sais plus rien et pourtant, comme gravé, ses murs blancs, et très gris.

Du lieu je ne reconnais rien et la carte n'aide pas, depuis maintenant j'erre sans fin dans ce présent décalé qu'est l'image et qui est loin de ce jour dont je parle, c'est être dans une mémoire qui oublie ce qu'elle veut, et recouvre ses couches d'autres couches toutes fausses, la reconstruction que je conte ici, cette fois, est aux limites, ce que je vous explique, c'est que j'ai oublié, et que rien ne peut m'aider — ce lieu n'existe pas que je voudrais montrer, et ce que nous voyons, je n'y suis jamais allé.