Murs #18
(...) ici un bassin s'évasant entre les masses de terre repoussées formant digues grises par un hasard inimaginable l'eau sourdant depuis des jours emplissant à présent toute la vasque disons naturelle tellement transparente (l'eau) qu'on distinguait parfaitement le fond trois ou quatre mètres plus bas nous arrivant là le nez au vent dans l'exploration que c'était de traîner le long des tranchées ouvertes depuis des semaines par des engins visibles depuis le village dévorant les collines et les champs à longueur de semaine s'endormant le vendredi soir venu avec leurs mâchoires dents plantées dans la terre nous perchés donc sur la quasi-falaise de terre surplombant cette mare mer intérieure nous poussant du coude lui on y va moi elle doit être glacée lui ça tombe bien on crève de chaud l'été autour n'en finissant pas de chauffer tout à blanc...
... dont les maisons portaient toutes pour celles restées debout après le grand incendie autant dire peu des impacts de balles obus éclats faisant sur les crépis autant de cicatrices que le temps n'effaçait pas le moins du monde le gel la pluie le froid participant plutôt à les élargir en une sorte de lèpre soulevant peu à peu les bords de la blessure puis les désagrégeant mangeant jusqu'à ce que le ciment disons dissous tombe au sol révèle dessous les pierres jaunes tirées des carrières là-haut vers le nord et apportées dans la région par des péniches lourdes comme des palais d'empereurs morts...
... gars serrés les uns contre les autres dans la cage tombant vers le centre de la terre leurs mains posées sur l'épaule la plus proche participant à une sorte d'équilibre de rassurement évitant à chacun de crier sa terreur...