Un brouillard probablement #8
Les trous, ils les avaient creusés un à un, parfois mangeant des heures sur une cavité tellement dessous le peu de terre, c'était déjà la roche. Les racines, ils les avaient défaites de leurs linges, presque coiffées, taillées, trempées dans un mélange d'eau et de boue faisant une gangue molle qui protégerait.
Tout cela relevait quasiment de la foi, en la nature, en sa puissance. De loin, certains riaient à les voir s'escrimer ainsi, jeune couple dont les enfants arriveraient plus tard, ces lignes d'arbres étaient aussi une promesse de voir grimper dessus cette progéniture encore imaginaire.
Vingt ans après, ou trente, nous dévorions le résultat, son jus nous coulait au menton. Les pommes, les poires, les mirabelles, les quetsches, nous les mangions à nous faire éclater.