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La lampe du projo #3

Après, au-dessus de la cour qu'on voit depuis la rue, il y a ce bâtiment de trois étages où s'empilent les salles de classe, laid comme ils savent tous l'être partout, sous lequel il fallait passer pour atteindre à une seconde cour où on traînait le plus clair du temps qu'on ne perdait pas entassés dans une boîte à sardines à écouter vaguement un prof. C'est une cour de lycée, ce n'est donc rien, un rectangle de bitume, quelques murets, des bancs, un préau avec vue sur lui-même toujours, une nuée de braillements, de blagues, d'histoires de filles d'autant plus incroyables que c'est ici un lycée de garçons et que les filles y sont aussi rares qu'un Eskimo dans les déserts d'Arabie. D'ici, juché sur ces années passées qui me font un gros tas de sable, je me souviens à peine de deux voire peut-être trois jeunes demoiselles dans tout l'entier bahut, quasi un bourg qui comptait quelque chose comme mille cinq cents gaillards boutonneux, énervés dans leur jean, chevelus souvent, portant la veste militaire qu'il fallait arborer pour bien montrer qu'on était un rebelle, un dur, le genre qui va se castagner avec des ennemis imaginaires, ou bien les gars dans les bals du samedi bourrés comme des vaches, au moins autant que nous. Les quelques, de filles, elles ne devaient pas tellement aimer être là, dans cette fosse aux lions lourdingues, la plupart persuadé d'être des tombeurs, des amants formidables, du moins, tentant de s'en persuader en baratinant les copains.