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Oraison #7

... et cette masse de pèlerins pérégrins aux petits pieds — on ne sortait jamais des limites des villages — se mélange dans la trame du temps ce que qu'il en surnage à d'autres processions plus de fleurs cette fois mais des cierges fins et longs blancs de même blancheur pâleur jaune un peu que des os allumés les uns aux mèches des autres on se passait ainsi une lumière faible vacillant dans la nuit autour des cierges venait ensuite un cache de papier bleu et blanc aussi portant sa vierge en filigrane et puis des mots les paroles courtes d'un cantique dans le froid blême les globes jaunes des mèches claires nous réchauffaient parfois soudain inadvertance ou jeu il arrivait que le papier s'enflamme éclatant alors en courtes flammèches et puis plus rien quelques lambeaux de noirs débris encore poussés en haut par la convection retombaient mollement sur les têtes les cheveux cependant que la procession s'étirait aux hameaux s'enroulait n'en finissait plus de chercher une route la conduisant invariablement dans quelque chapelle glaciale où des heures encore l'on marmonnerait en boucle — mantras — des prières communes la litanie des saints de tous les sains de toutes les saintes toutes et tous morts au final dans d'atroces souffrances contées par le détail dans le livre des livres que le prêtre à la messe embrassait...