Une histoire de ma paranoïa

(ou comment et pourquoi j'ai fait le Cantique de la paranoïa)

Le point de départ est simple, c'est une gare, c'est la gare d'A*, c'est ce panneau que tout voyageur croise dans toutes les gares depuis des années et moi de même, sans y avoir jamais prêté réellement attention, ce que je fais ce jour-là, je ne sais pourquoi, m'apercevant qu'il suffit de partir de ce panneau que nous voyons sans plus le voir, et d'en exagérer légèrement la ligne directrice, les instructions qu'il nous donne pour surveiller le monde, pour entrer dans un univers qui m'est totalement inconnu, du souçon généralisé de tout, sur tout, et tout le temps.

La règle d'écriture arrive alors d'elle-même : partout maintenant, voir la possible menace, l'inventer au besoin, et voir où cela mène, et noter cela — l'exercice devient presque automatique, au point qu'assez rapidement, je prends conscience du fait que le souçon avec lequel je joue finit par m'échapper et pourrait parfaitement devenir permanent, me contaminer, en bref, que la paranoïa inventée qui est celle de ce texte est autonome et dangereuse.