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Corps

Corps

J'ai vu ces corps gonflés d'eux-même que nous emmenions sur traîneaux de fortune faits d'une toile cirée jusqu'à l'extrême limite du ban pour les y entasser dans l'espoir insensé et jamais réalisé que quelqu'un venu de l'autre côté les emporterait et nous débarrasserait de leur puanteur que le froid ne contenait plus, j'ai vu les monceaux qu'ils faisaient couchés les uns sur les autres sans autre forme de procès et sans forme du tout, j'ai les bêtes sournoises sorties de la forêt et les oiseaux noirs et gras tellement que leur vol n'était plus que sautillements poussifs se battre et becs et gueules et pattes pour le meilleur des chairs qu'ils arrachaient de cette masse toujours plus compacte et faire d'eux, des hommes et puis des femmes que nous jetions tels sacs vides, d'immenses charniers aux os blanchis et propres, enfin, parfaitement sucés léchés et nettoyés comme jamais ils ne l'avaient été de leur vivant.

Thaelm (non vérifié) dim 30/10/2011 - 12:23

Presque joyeux
ces cadavres, ce carnage ressemble à une fête
et
- autant l'avouer -
correspond à un désir
comme un parfum tout autour de ce monde
d'une telle catastrophe vivifiante.