Charniers
Je n'ai pas vu non plus tous les charniers mais j'en connais certains et je les porte en moi et ils pèsent lourd crois-moi et sont sonores aussi des gémissements que poussent toujours ceux qui dessous les morts respirent mais seulement encore un peu et qui ne bougent plus malgré leurs pauvres efforts parce que sur leur dessus c'est des corps qui pèsent et que rien ne pèse plus qu'un mort qui n'y peut mais et tout cela je l'ai dedans moi comme un sac qui crache et qui s'agite et qui est ce sac brun d'une jute mal tressée dans lequel nous cachions des chats pris au lacet que nous allions jeter dans la rivière en crue sans trop savoir pourquoi à force de cruauté et puis de bêtise crasse.