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Zone silence

... espaces de reconfiguration où l'on menait, de force si nécessaire, les dissidents. Contraints de s'asseoir, demeurant sous le contrôle de leur agent de probation, ils passaient alors de longues heures immobiles face à des écrans diffusant en boucle les documentaires spécialement réalisés par les ministères concernés à seule fin d'extirper de leurs esprits malades toute velléité de révolte, tout germe de pensée déviante - et les résultats ne tardaient jamais : gagnés par une fièvre militante, la plupart d'entre eux signaient dès la sortie un engagement dans les forces combattantes et partaient vers les différents fronts ouverts un peu partout depuis quelques années pour offrir leurs forces, leurs sangs souvent, à la cause. Pour ceux d'entre eux, les plus atteints, pour lesquels toute thérapie s'avérait impuissante, on les consignait dans des zones voisines de silence absolu où, entourés des oeuvres du Grand Fondateur, ils passeraient le temps nécessaire à expier leurs fautes (et pour certains, cela prendrait le temps d'une vie).