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Minuit (5)

Et à la fin sous les borborygmes de l'orgue lancé à pleine gorge ils sont tous repartis et nous après les prêtres les diacres les archi-diacres que sais-je encore l'évèque a à nouveau béni tout ce qui bougeait sur sa route j'ai regardé fasciné leurs chaussures de loin je devais avoir l'air d'un saint dans son extase ce n'était que vieux godillots comme échappés d'un film ancien étrangement aussi pas de parfums pas d'odeurs des eaux de toilettes que j'attendais mais des remugles de paysans de la sueur était-ce donc des moines-soldats finalement que ces hommes-là les yeux de l'évèque se cachaient derrière ses lunettes et sa main arrosait j'ai repensé à ce tableau de Francis Bacon son portrait du pape Innocent X je crois j'aurais aimé que cet évèque se défasse soudain explose éclate soit aspiré par le néant des cieux mais il tenait la barre semblait inaltérable à la sortie enfin j'ai pu reprendre mon souffle au loin je ne voyais rien que la nuit plus brute qu'avant et dans les souffles le froid et encore les murmures des familles s'éloignant et la lueur des réverbères et puis un peu de bruit et puis plus rien que l'infini tellement vide.

Guy Picard (non vérifié) lun 05/01/2009 - 12:32

Après avoir lu "les 5 Minuit" j'ai commandé "Incipit" sur publie.net. J'attends donc, après avoir lu et relu ce qui est accessible sur le site. Où va-t-il nous conduire cet auteur peu commun?
Le style, le rythme, et parfois le souffle rendent muet. Donc pas de commentaire.
Il faut laisser passer du temps pour connaître notre destination .