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Moitié

Ce serait une moitié de vie : nous aurions fait tous les gestes, vécu tous les moments, ressenti toutes les émotions ou presque — dans la palette il en manquait encore certainement mais comment le savoir sans les croiser — et quelque chose assurément persisterait à sonner creux, à ne pas faire son office.

Nous chercherions, nous creuserions dans la masse épaisse du monde, nous ne comprendrions qu'un beau matin en traversant la ville encore froissée, en nous apercevant que les passantes que nous regardions bien au droit du regard ne semblaient pas nous voir, ne nous voyaient réellement pas.

Là, avec les premiers pas des enfants sur le trottoir en guise de partition, nous saisirions mais trop tard que cette existence n'était qu'une histoire et que vraiment, nous n'existions pas plus que ça.