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Plis entre plis - fin

C'est une sorte de fin, un lieu dans une boucle, j'ai sous les yeux posé un croquis de Simon, on voit de sa main même les strates dessous la Route, on voit les émergences, des affleurements miniers, c'est une carte en fait, et il y a cette autre, des trajets qui se croisent, les traits sont gras et gros, j'imagine un carnet de ceux des géomètres, une mine de crayon, des anneaux de métal, les coins sont fatigués, je superpose cela et ce que j'ai tenté avec mes fractales, leurs attracteurs étranges, cela fait grand écho même si tout seul je crois à cette sorte de structure que lui ne savait pas, qu'il a précipité dans ce texte et cet autre, quelque chose qu'on verrait relevant de l'ordre du monde, une certaine logique malgré le bruit encore, malgré ce balancement et jeter aux orties tout ce fatras de mots, je vois qu'il a passé tout le temps de sa vie à déplier cela, toujours la même histoire, passer et repasser, des animaux en cage, cette vaine agitation à remplir son vide en projetant dedans ce qu'on vient d'en tirer, je repense à avant, quand je lisais encore, c'est là la même histoire, encore et puis encore, et nous allons tous vides remplir le monde de vide, le déplier sans fin, pour finir pliés — et pendant que j'écris tout ce temps dépassé le long du chemin creux viennent des cavaliers dont je ne vois qu'à fleur les bustes les casaques, leurs chevaux sont dessous cachés par la terre grasse qui martèlent sans fin leur pas de bord du monde, un rien d'apocalypse qui n'a plus aucune hâte.

Une première version de ce texte a été publiée

par l'Association des Lecteurs de Claude Simon

Merci à @cgenin pour l'invitation

source de l'illustration : wikimédia commons