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Un brouillard probablement #11

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J'ai toujours gardé mes distances aux cercueils. Ils font une barque prête à appareiller. Je n'approche pas, pas plus que je ne côtoie les bords d'eaux, ceux des étangs, des fleuves, toutes frontières où l'on risque de glisser sur la boue lisse, traîtresse, qui n'attendait que cela, nous mettre à bas pour mieux nous avaler.
 
Là, celui de la pomme tenait le fond en majesté entre ses cierges par trois, à gauche et droite, alignés en guise de gardes. C'est la seule fois que j'ai vu un cercueil ouvert, dans cette exposition qu'il y avait encore, alors, du corps. Le tiers haut, celui où se trouve la tête du cadavre, c'est bien de cela qu'il s'agit, par un astucieux système de charnières dorées brillantes fascinantes, était basculé sur l'arrière, une invitation lourde.
 
Une voix m'a proposé d'embrasser une dernière fois la morte, ses mains sur mes épaules poussaient. J'ai décliné cette proposition qui, ce jour-là, m'a paru étrange au point que je m'en souviens. La voix, je ne sais qui, n'a pas insisté. J'en suis encore étonné. Il arrive si souvent que nos familles nous pressent. 

 

Source illustration : Brain Image — SciTechTrend