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Crash #12

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" Mais un grain de sable vint se glisser dans ces rouages et bloqua tout. Et ce ne fut pas un grain de sable technologique. Quelque part derrière un bureau virtuel dans l'une de ces monstrueuses simulations d'openspace dans lesquelles s'entassaient des milliers d'avatars numériques de fonctionnaires payés à la tâche (brillante idée des années 30 qui permettait tout à la fois d'empêcher statutairement ces salariés de travailler par ailleurs, et de les rémunérer seulement quand nécessaire), un gratte-papier (on me passera l'expression) plus zélé que les autres décida que l'accident de mon support-avatar pouvait annoncer une série de problèmes similaires et que donc, principe d'ultra-précaution oblige, il importait de retrouver et de neutraliser le fournisseur des pièces défectueuses, ce qui s'annonçait aussi facile que d'attraper un boson avec un filet à papillons, mais ne s'avéra pas suffisant pour effrayer le bureaucrate, lequel déclencha de quelques appuis distraits sur ses écrans une procédure dont le premier effet fut de mettre en branle une armée d'avocats divers et concurrents payés par toutes les sociétés impliquées dans ce marché, et ce dans le seul but de les décharger de toute responsabilité. Le second effet de la décision absurde mais irrévocable du fonctionnaire fut d'interrompre tel que le processus à l'issue duquel je devais sortir de mon exil glacé et retrouver un corps ou quelque chose d'approchant : la justice, pour agir, avait besoin que rien ne bouge, et tout cessa de fait d'avancer. "