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Cinquante #12

Une première fois mon premier film la première salle obscure, j'ai à peine la dizaine, je ne sais qui m'emmène là et je ne sais pourquoi, quelle circonstance exacte déclenche l'évènement, je passe de l'écran très étroit et peut-être même encore de noir et blanc à la couleur et à l'immense du cinéma, le film est une bagarre et tout là-haut un petit homme bondissant fait danse du début à la toute fin pour finir par vaincre un autre combattant, ils poussent des cris et virevoltent, je ne comprends pas tout, j'entends les feulements de chat très en colère que pousse le petit homme qui a nom Bruce Lee, je crois que tous les garçons de l'époque qui avaient vu le film, ce n'était pas courant pour nous, passèrent comme moi des mois durant chaque récréation à singer maladroit cet art martial et le bonhomme très énervé, je ne sais plus l'histoire vraiment, je n'ai jamais revu le moindre de ses films, il va mourir en vrai très jeune, je sais encore qu'il était torse nu et corps dessiné de muscles tendus, la rage, la ligne de la rage, il se passerait du temps, beaucoup, avant que je retourne dans une salle obscure, ailleurs, voir autre chose, et c'était la seconde fois Amadeus, une toute autre histoire, vraiment.

Pourtant je connais l'avenue par coeur, pourtant je reconnais presque chaque bâtiment mais là, celui du cinéma, je n'en sais plus le lieu, n'en sais que vaguement encore l'endroit, disons, à quelle hauteur c'était de l'avenue toujours plus triste quand j'y regarde, ainsi que dans toutes ces villes qui fondent doucement et dans lesquelles on finit par revenir pour n'y reconnaître plus rien et même pas soi dans les reflets que rendent les vitrines.