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Cinquante #18

Un feu de camp en plein milieu des champs je ne sais même pas où ou très à peine c'était là-haut sur l'une des collines basses qui encerclent le village, vaguement je peux situer lieu et temps et revoir des visages, les tentes pour ceux et celles qui resteraient, j'étais tout près alors rentrer allait de soi et puis avec qui dormir alors rentrer allait de soi, certains venaient à pied à travers le vert, le blé en herbe, d'autres avec leurs motos, les pétarades, des voitures garées là n'importe comment à même la terre, une ferme proche avait donné un point de départ de repère, la circonstance je l'ignore, une quelconque fête, un petit bout d'été peut-être, ça buvait sec et dans la brume du souvenir et puis des bières enfilées je sais seulement encore qu'un transistor poussé à fond voire un autoradio voiture portes ouvertes faisait la seule musique et loin on entendait un concert live diffusé, c'était U2 quelque part au sommet, nous savions tous toutes les paroles, c'est maintenant seulement, dans l'écriture là, que je vois se relier notre très modeste incendie, et la chanson, The Unforgettable Fire.

Pourquoi cette soirée-là et ses images floues épinglées là en dedans moi je ne sais pas, peut-être là ou tout ailleurs, c'est quelque part ici ou bien dans l'autre direction, marcher sur cette terre de pixels ou si j'allais là-bas serait même chose, ne pas s'y retrouver, je sais seulement les escarbilles, le feu qui s'éteignait doucement, ces étincelles par gerbes dans une nuit noire comme ça — il faut quand même une bonne dose d'inconscience pour espérer retrouver dans le temps le temps lui-même qu'on a laissé nous effacer.