Aller au contenu principal

Cinquante #45

Juste après passe une frontière très invisible, les bois passés on était donc de l'autre côté avec les voisins, les maisons et les briques, pour la ville qui m'a toujours fait penser à Balzac, il suffisait de remonter au droit le long de la vallée, suivre l'eau et le canal, impossible de se perdre, la route longeait quelques écluses, les bateaux étaient hauts, de la chambre d'abord je voyais loin cette vallée dans l'autre sens et les week-ends passés seul dans le lycée vide, je m'en souviens et de la pluie, comme s'il pleuvait souvent, et puis les heures aussi passées à revenir et repartir sur l'autoroute, après les hauts-fourneaux il fallait juste plonger vers l'autre ville, il y a maintenant tous ces visages qui restent les mêmes dans ma mémoire et sont changés, je le sais bien, mais là ils restent les mêmes, et pour toujours, ce qu'on porte de passé quand même, immobile posé, à attendre que quelqu'un vienne en chercher l'image.

Rien n'a changé vraiment et même pas le saule pleureur taillé à blanc à chaque fois mais toujours reparti, les volets sont fermés là où l'on habitait, c'est là que j'ai croisé la lumière que tu es, j'avais oublié l'étrange et laide sculpture qui a couleur de ciel, et les toits tuiles rouges, et le mauve en rayures, et le silence aussi de la ville endormie, je me demande maintenant, les enfants des enfants, sont-ils enfin heureux ?