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Cinquante #4

Alors le bruit et la fureur et puis le bruit et la fureur à devenir fous à devenir sourds après la route longue le parking plein les ombres dans les voitures le vigile lourd juste à l'entrée le sas le vestiaire le couloir la nuit partout peinte sur les murs noire noire noire le long couloir la longue nuit le battement des basses déjà dégoulinant dehors mais moins fort que ça soudain cette explosion jusque dedans le ventre les tripes la lumière juste derrière ou en même temps tomber dans la lumière son bruit le bar au centre et puis une sorte de rond d'ovale une vraie arène avec ses combats ses séductions plus souvent ses combats et ne jamais danser ne jamais se lancer attendre ce qui n'arrivait pas au bar comme à un port amarré pour toujours à boire à boire encore des sortes de marins perdus pour toujours qui ne verraient jamais la mer jamais d'autre horizon que leurs yeux vagues de plus en plus après sortir dans la nuit glacée comme jamais rentrer tenter la route dans l'autre sens rouler lentement ou bien à fond de train c'était presque pareil c'était l'autre fureur celle qui n'a pas de nom rentrer comme on pouvait se jeter dans son lit dormir comme mourir la bouche en sang d'avoir tant bu tant attendu tellement mordu les lèvres de la nuit et puis son bruit, son bruit qui nous laissait aveugles tout le reste du jour.

Une bâtisse basse, une ancienne fabrique de cuisine, je l'ai lu quelque part, on dirait maintenant abandonnée, peut-être même brûlée, le journal le dit, vide en tous cas ici et triste triste à pleurer en son juste milieu de rien ses champs ses collines qui courent loin alors donc c'était ça la discothèque où nous étions fous comme jamais, où tout était permis, et où rien n'arrivait, en tous cas pas à moi — c'est ces acteurs qu'on voit après le tombé du rideau sans fards, les rides, la fatigue terrible, la fête est terminée, chacun rentre chez soi, au moins, il n'y a pas de fossé, cela évitera de se faire trop mal si l'on sort de la route.