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Oraison #8

Oraison #8

... et dont nous étions tous censés connaître chaque page, chaque épisode, chaque détail sanglant décortiqué depuis des siècles par des ascètes avalé par le livre, ce qui n'était évidemment nullement le cas, le livre nous étant seulement à force de rabachage tombés depuis la chaire dans des litanies de voix monocordes devenu un peu moins inconnu, un peu moins vague, tissu d'évènements lessivés dans le temps en roue du temps jusqu'à n'avoir plus de couleurs, de goûts, nos mémoires en raccrochant les morceaux dans un patchwork informe où surnageaient quelques ravaudages, la naissance du fils dans la grotte, une autre, ailleurs, qui était parfois une étable, ou la première hébergeant l'autre, une grotte où dormaient un âne et un boeuf, on mélangeait, il y avait aussi une baleine avalant Jonas, des histoires de déluge et de navire portant les tous derniers espoirs, des morts, et puis des morts, encore de morts par milliers dans les pages du livre glissés tels autant de marque-pages