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Sais-tu (7)

Il souriait. Tu es tellement naïf que c'est quasi touchant, me lançait-il en reprenant dans ses mains larges les clichés, en les battant ainsi qu'il aurait pu le faire d'un jeu de cartes, et je savais que nous allions poursuivre la quête, notre dispute.

Nous reprenions, lui tentant de trouver une faille renvoyant la ville dans les limbes, moi le détail signant ce qui aurait été une espèce de victoire. Voilà, faisait-il en pointant du doigt cet immeuble tout de verre sur lequel s'accrochaient, étonnamment verts et réguliers, des arbres alpinistes, voilà qui en dit long sur ce rêve puisque les arbres ne naissent pas du verre. Me penchant, plissant les yeux, je cherchais cependant qu'il se renversait sur sa chaise, satisfait et certain d'avoir trouvé l'argument définitif. Pourtant, pourtant, tout était là, de ce que l'on imaginait de cet endroit qui finalement, pouvait dans nos imaginaires donner naissance à tout, et plus encore, et beaucoup plus encore.

A y réfléchir, tout cela était un jeu de pistes, une énigme à résoudre, et je n'avais que peu d'éléments pour parvenir à cela. Les traces ne manquaient pourtant pas, chaque image en regorgeait même, et je devinais que derrière les apparences même, une autre ville peut-être était, dont des signaux discrets attestaient l'existence. A présent, je m'attardais sur cette affiche qu'on distinguait à peine derrière quelques arbres, dont l'un en fleurs, en essayant de déchiffrer le texte maintenant gris, et qu'on pouvait penser avoir été blanc, encore lisible. Si de tels stigmates demeuraient, si ces chuchotements partout se glissaient, alors cette ville avait eu une histoire, alors elle avait été peuplée d'âmes, alors elle l'était toujours sans doute, et donc tout concordait.