Fossile #20
On devait ne faire que partir de là, de l'image, l'utiliser comme point de départ, tourner autour et d'elle aller conter ce qui l'entoure, elle devait être le pivot de l'histoire qui devait parler des gens autour, des maisons, des champs, des sept d'un côté et de l'autre dont le nombre s'amenuise maintenant et la dernière c'est dans son vergers de pommiers qu'elle est passée comme ça d'un coup, avec le ciel encore bleu malgré la saison avancée dessus qu'on voit soudain couché sans trop comprendre et puis plus rien, une pomme encore au centre qui est un horizon rond rouge et puis plus rien, on devait raconter et par échos se raconter, c'est ainsi que fonctionnent les écrivains qui sont de cette sorte d'araignée douce et gentille au milieu de leurs textes mais cela ne marche pas, quelque chose résiste qui doit être le temps ou bien peut-être soi ou bien peut-être qui est tout juste le signal attendu depuis bien des années que l'on ne sait plus dire, écrire, ce qui clapote dedans — on serait maintenant une source tarie, juste un morceau de bois flottant dans toute cette eau, tout ça n'aurait servi qu'à ça, revenir à son propre fossile au moment même où ça s'arrête et boucler là sa boucle, on dirait le silence.