Murs #6
(...) ces profils finissant par constituer une galerie dans laquelle alignés on ressassait les mourants et les morts comme si cela avait été une sorte de catalogue qu'on pouvait parcourir pendant les insomnies prenant de plus en plus de place sur la nuit y creusant des tunnels dont on sortait exsangues à fleur de nerfs de peau épuisés d'avoir bataillé contre ces hordes rôdant autour du lit s'approchant juste assez pour ne pas laisser place au sommeil mais assez loin restant pour qu'on ne puisse pas les saisir à la gorge le dehors le monde se manifestant par moments par les hululements d'une chouette posée dans quelque arbre tout proche ponctuant les sonneries du clocher au lointain de ses propres scansions et puis autour des craquements dont on pensait parfois qu'ils étaient ceux que faisaient d'autres morts autour de la maison errants jusqu'à ce que debout à la fenêtre on voit par les fentes des volets que ce n'était là qu'un animal égaré cherchant de quoi manger dans les recoins de l'ombre...
... les bougies laissant à voir quand même les visages fermés guerriers des anges...
... du haut desquels on sautait pour prouver son courage la chute se terminant immanquablement sur les genoux les mains le gravier y tatouant alors les marques qui attesteraient de ce qu'on avait osé braver le vide...