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Le bruit des escaliers

Le bruit des escaliers

Nous allions de maison en maison et le monde sur le dos il nous fallait entrer, bousculer les silences, poser nos baluchons, nous assoir quelque part et souvent dans les coins où les parquets encore demeuraient lisses comme vierges. Il y avait sur les murs les traces mauves du temps et derrière les tentures les voix éteintes maintenant, il y avait sur les fenêtres les halos laissés par des haleines qui soufflaient là ailleurs ou plus, on ne savait pas vraiment, le voisinage taiseux n'apportait nulle lumière, on recommencait tout, on écoutait les pas et le bruit mat des escaliers, on dormait dans des lits qui étaient tous les mêmes et au réveil on ne savait plus qui l'on était et où, c'était revenir à soi dans un ailleurs encore, c'était voir se lever au loin une brume et le bocage, l'une avec l'autre mêlée, chaque jour ce pas et puis son propre néant, le bruit des escaliers.