La dispense #15
[...] c'est mon moment de gloire, je cale mes mains, je cale mes bras exactement comme le survêtement tantôt nous l'a montré, je suis ancré les pieds au sol, mes jambes sont légèrement fléchies, la balle est inratable, le temps s'arrête, je sais ce qui va advenir, le choc léger du cuir sur les deux pouces joints puis la remontée franche mais courte des avant-bras pour relancer la course parfaite de la sphère par-dessus le filet, j'ai repéré même pour tout dire un espace vide dans la défense des six, c'est ce point-là que je vise droit, le temps reprend son cours, plus qu'une demi-seconde avant l'impact et puis voilà, la balle passe devant mes mains, j'ai tout fait à l'équerre mais trop court, une erreur d'appréciation, une affaire de centimètres, rien de plus, elle touche le sol, passe entre mes jambes juste fléchies large pour mieux assurer la réception et le renvoi, rebondit, rebondit encore puis part en roulant vers l'arrière, le survêtement siffle le point en s'étouffant de rire, en face ça hurle et de joie, ici les cinq râlent et m'engueulent de pleine rage, la prochaine fois ne fais plus rien ce sera bien, sans doute oui que ce serait le mieux, ne plus jamais rien faire pour ne rater plus rien.