Histoire - le ruisseau
(traversant toute la vallée en son point le plus bas, le plus sombre, lui faisant au ventre une sorte de cicatrice apparaissant là dans ce coin que les champs enfonçaient en plein dans la partie du bois où le sol était toujours marécageux brumeux comme méphitique et où l'on s'imaginait aisément que passaient furtivement le soir des silhouettes dont personne n'aurait osé dire qui elles étaient et encore moins ce qu'elles étaient pour terminer, complètement de l'autre côté, par s'échapper en se glissant entre la minuscule ouverture plate que faisaient deux collines rases faisant un plateau où nous n'allions qu'ensemble en groupe tassés, un peu apeurés d'être sur des terres que nous ne connaissions pas vraiment parce que nous n'avions rien à y faire, pour pêcher sous couvert des haies d'épineux vautrées le long de l'eau grise mercure des poissons hideux que nous ne nous serions risqués pour rien au monde à manger, persuadés que nous étions qu'elles venaient, ces bêtes, des étangs de l'enfer d'où nous avions réussi par un miracle sans nom à les tirer sans nous faire remarquer du Diable dont personne ne doutait ici qu'il passait ses journées sous nos pieds sous nos champs sous les bois et chemins à tenter de nous faire chuter vers ses feux sans pardon)