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Un rêve, et Natalie Portman (4)

Un rêve, et Natalie Portman (4)

J'imagine sa vie et ce n'est pas la mienne, j'imagine sa vie et c'est une vie de bruit et de lumière dans laquelle il relève d'une lutte de chaque instant de se souvenir de qui l'on est encore derrière cette image de soi que les autres dévorent comme si c'était un fruit bien mûr, une vie dans laquelle des moments d'exposition intense alternent avec de grands silences, ce doit être ce qu'on ressent dans l'oeil de la tornade quand les grands vents s'arrêtent, le vertige qui nous vient quand les bousculements s'arrêtent, la crainte que l'on a de savoir que ça vient, disons que ça revient, et que la pause de peu n'est qu'une pause minuscule, juste une petite clairière dans une jungle sans fin, un bref répit qui autorise à se pencher, ramasser ses morceaux, s'assurer que tout est là encore et bien juste à sa place, exactement, la bonne place, dans ce puzzle d'infime que nous sommes tous.

Je sens à écrire ça que je n'imagine même pas, que je suis certainement bien à côté du vrai, qu'il y a une telle distance de part et d'autre, ce sont deux mondes, des galaxies, et entre ce vide de l'espace, que sans doute rien de ce que je puis construire avec mes contes ne colle à la réalité. Je ne sais pas. Il faudrait qu'elle me dise. Il faudrait qu'elle raconte. Pas la parole publique, mais juste une conversation, cette sorte de devisement. Cela n'arrive pas. Elle reste sur les affiches et peut-être n'existe pas, ou certainement existe mais telle que personne ne peut l'imaginer, réelle seulement là où personne ne va, dans ce moment de solitude où Natalie Portman, et nous, sommes qui nous sommes.